La densité de population à Paris est parmi les plus fortes du monde

Note : les données sont issues du Demographic YearBook 2018 de l’ONU (consultable ici) enrichi et corrigé des données de Wikipedia car le fichier de l’ONU est mal entretenu : certaines superficies de villes sont absentes ou erronées, la population est parfois celle de l’agglomération au lieu de la ville… A titre d’exemple Oulan Bator apparaît comme la ville la plus densément peuplée du monde dans le fichier de l’ONU, avec 1477 000 habitants sur 5 km2… mais en réalité c’est 4700 km2)

Parmi les deux cents plus grandes villes du monde, Paris est en 8ème position pour la densité de sa population, au niveau de Bombay et Calcutta en Inde, ou de Yaoundé au Cameroun… c’est à dire de villes de pays en voie de développement qui commencent tout juste à contrôler leur urbanisme. Paris est 1,5 fois plus dense que Tokyo !

Et le 20ème arrondissement de Paris, très résidentiel et toujours sous-équipé, est une petite ville de 200 000 habitants avec une densité de 33 000 habitants/km2, juste derrière les villes d’Asie les plus anarchiques (Manille, Dacca). La densité dans le 20ème est 60% plus élevée que celle de Paris qui est de 21 000 habitants/km2.

Avec des mesures d’urbanismes codifiées dans un PLU de plus en plus laxiste, au profit des affairistes, nos élus poursuivent l’élimination des espaces verts privés et transforment la ville en un « labyrinthe à rats », c’est à dire des rues bordées d’immeubles de hauteur standardisée avec des façades modernes lisses et sans âme.

Dans le 20ème, ils continuent de promouvoir la construction de logements, privés et sociaux, alors qu’il faudrait rattraper le retard en équipements collectifs. Notre arrondissement serait-il dévolu au rôle de quartier dortoir et à l’accueil de logements sociaux, pour éviter d’en faire dans d’autres arrondissements ?

En 2016, la modification du Plan Local d’Urbanisme a ouvert la voie à une aggravation du phénomène :

  • Suppression du Coefficient d’Occupation des Sols : Ce qui permet de bétonner toute une parcelle sans laisser d’espace vert, la seule limite étant celle de la hauteur maximale.
  • Objectif de remplir les « dents creuses » (sic) : c’est ainsi que des affairistes, et des élus complices, désignent les bâtiments de faible hauteur qui permettent de juteuses opérations lorsqu’on les remplace par des bâtiments à hauteur maximale permise. Notre association préfère parler d‘ouvertures sur le ciel et souhaite qu’elles soient conservées parce qu’elles donnent de la variété et du caractère aux rues parisiennes.
  • Suppression des obligations de retrait des constructions nouvelles : Ces retraits qui avaient été institués pour accroitre la circulation automobile pourraient très bien servir aujourd’hui à créer des trottoirs plus larges, des pistes cyclables, des plantations d’arbres, des espaces verts devant les immeubles… Mais nos élus font mine de les supprimer au nom de l’abandon de la politique du tout voiture ! Y compris les écologistes !
    Maintant, dans les rues trop étroites qui ont été l’objet d’obligations de retrait, les nouveaux bâtiments se construisent en limite de voirie. Et parfois, ils se retrouvent en avancée par rapport à leurs voisins dernièrement construits en retrait ! Ce qui bloque pour des centaines d’années tout élargissement global de la rue, la création de pistes cyclables, la plantation  continue d’arbres… au profit de l’augmentation de la surface constructible et des gains immédiats.

Dans les projets actuels, les constructions sont réalisées avec une emprise maximale : les espaces verts existants sont supprimés, les arbres sont souvent arrachés (cf. la crèche rue de la Justice). Pourtant, il faut trente en ans pour faire un bel arbre et moins de 2 ans pour faire un immeuble de 5 étages.

La chanson de Jacques Dutronc, « Le petit jardin », est toujours d’actualité !

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Dialogue imaginaire
entre
la MAIRIE DE PARIS (ET SES PROMOTEURS)
et notre ASSOCIATION SURMELIN SAINT FARGEAU ENVIRONNEMENT
au sujet de l’esthétique urbaine.

La Mairie : « La rue des Partants (20ème), une réussite, avec deux mâchoires bien équilibrées de part et d’autre, comme le veut le PLU, sans dents creuses. Quelle harmonie sociale ! »

L’Association : « La construction des rues à la hauteur maximale autorisée par le PLU, au droit des trottoirs, sans élargissement, crée une ville labyrinthe… où le parisien se sent « fait comme un rat » et ne voit presque plus le ciel. »

La Mairie : « La rue Saint-Blaise (20ème), si avenante et bien adaptée à l’habitat social. »

L’Association : « Les arbres agrémentent cette rue, mais on s’y sent néanmoins comme dans un canyon où le soleil ne fait que passer rapidement. L’habitat social doit-il toujours être synonyme d’entassement sans âme ? ».

La Mairie : « Une rue particulièrement laide avec des dents creuses qu’il faudrait combler, la rue de la Liberté (19ème) »

L’Association : « Une rue qui a le charme de proposer un bâti varié, des vues sur le ciel – les dents du ciel, des aperçus sur des jardins, des arbres et arbustes qui en dépassent en surplomb sur le trottoir ; une variété et une irrégularité qui sont la marque de la vie et qui nous rendent heureux. Les urbanistes sont ils capables de créer des règles qui préservent la poésie de l’incertain ? »

La Mairie : « Ici, au fond, quelques caries à boucher par nos dentistes de la Mairie de Paris, nos chers promoteurs (rue du Capitaine Ferber dans le 20ème) avec qui nous aimons tant soigner la ville ».

L’Association : « Des bâtiments qui datent de différentes époques d’urbanisation. Mais il ne faudrait pas que le 21ème siècle lamine cet enchevêtrement d’époques au profit d’une uniformité « moderne »,  mue par le souci de satisfaire le business de la promotion immobilière au service de la population… ou des élus…? »